Dans les hauteurs de Teheran, la jeunesse doree, dont nombre sont les enfants des religieux au pouvoir, s`ebattent joyeusement dans un environnement sature de luxe et de superficialite.Vous etes en manque de pattes Barilla, de parfum ou de cigarettes francaises ? Un petit tour dans le supermarche du coin vous soulagera ! Que je suis vulgaire… un supermarche ? Disons plutot une galerie de luxe sur quatre etages, scintillante de lumiere et resonnante de musique a la mode ou les boutiques de vetements de marques europeennes de luxe comme (Gucci, Dior, Rolex…) ou iraniennes dernier cri cotoient des epiceries aux rayons charges de produits type Nutella ou Special K de Kellog`s (jamais vus auparavant). Meme si vous n`avez pas d`achats a faire, s`y promener ou s`y pavaner, selon son accoutrement, est de bon ton et permet de se tenir au courant de la derniere mode. Le quartier ou se trouve ce paradis pour fashion`s victims et gens riches est au nord de Teheran, et y penetrer après avoir vadrouiller en Iran nous a meduse et amuse. Ici, les femmes en voiture laissent glisser leur foulard sans trop se soucier des consequences, la mode des hauts talons sur jeans moulants fait rage et les manteaux courts et serres soulignent des lignes anorexiques ou, a l`inverse, tres genereuses. Il n`y a qu`un pas entre raffinement et vulgarite et les riches teheranaises le franchissent parfois avec un peu trop d`empressement. Des jeunes hommes sont a l`affut d`une belle a qui glisser discretement dans la main leur numero de telephone griffone sur un bout de papier. Des copines pouffent entre elles en observant les garcons. Une jeune femme au décolleté plongeant, au jean tres moulant et au maquillage outrancier est devisage avec mechancete par les familles. La richesse permet de repousser certains interdits et de profiter de biens et de comportements que la majorite des iraniens doit ignorer. Bien evidemment, il ne viendrait a personne ici de descendre faire un tour ou des courses dans le vieux et pauvre centre de Teheran, a une demi-heure d`embouteillage de la.
"Allo, salam... khubi ?" module la douce et melodieuse voix de Sakhar dont le visage s`eclaire d`un eblouissant sourire a l`entente de son interlocuteur. Nous sommes dans le Park e-Lale, dans le nord du centre de Teheran. Sakhar, belle iranienne de 25 ans, appelle un ami pour trouver une sofrekhane sympa dans le coin afin de pouvoir discuter tranquillement autour d`un the et d`un narghile, ou quelia en farsi. Sakhar parle francais avec une aisance troublante et seul son accent nous rappelle sa nationalite. Nous avons fait la connaissance de cette jeune fille la veille, grace a Nadim, un libanais rencontre a Tabriz et retrouve a Teheran. Hyper souriant,
rigolard, bon vivant et surtout aimant enormement etre entoure, il avait sympatise a Tabriz avec un fils de marchand de tapis, Hadi, qui a bien evidement des contacts un peu partout en Iran. Sakhar etait sur la liste des amies de Hadi et Nadim a donc appele et rencontre cette jeune fille dont le charme et la beaute lui ont quelque peu tourne la tete… La veille, nous nous etions promener tous les quatre dans le complexe de Sadr Abd, ancien domaine prive du Shah d`Iran. Inutile de vous dire que de la, perdus dans une abondante mais tres policee vegetation ponctuee d`anciens palais royaux tous plus luxueux les uns que les autres, et transformes depuis quelques annees en musees et restaurant, on avait du mal a imaginer le Shah au courant de la vie quotidienne des iraniens. Sakhar nous avait ensuite invite chez elle, dans le nord de Teheran, ou elle habite dans une belle maison moderne avec ses parents et sa jeune soeur. Sakhar vit donc dans cette zone tres privilegiee Teheran. Elle porte des foulards colores magnifiques (elle m`en a d`ailleurs donne un superbe qui change de mon noir !) qui ont l`habitude de glisser sur ses cheveux coupes courts et ses habits proviennent surtout de boutiques d`importations francaises ou europeennes. Elle se demarque en recherchant la rarete et la petite touche qui la sortira du moule de la mode iranienne. Cette distinction tres superficielle n`est que l`iceberg d`une personnalite qui est l`antithese de la superficialite. Sakhar s`est engage politiquement aux cotes de Khatami grace a qui les femmes ont eu le droit de vote entre autres et rejete les nombreux traits machistes de la societe iranienne… tout en sachant pertinement qu`actuellement aucun changement n`est imaginable. Cette magnifique jeune femme sait ce qu`elle veut et decrit tres precisement ce qu`elle ne veut pas ou plus, et entre autres, se marier avec un iranien. Tous ceux qu`elle a rencontre jusque-la n`etaient interesses que par la consommation d`un bien plus que precieux pour les iraniennes. La “limitation” (terme qui designe toutes les limitations de la liberte de la femme et du meme coup celle de la relation homme-femme en general) a rendu les hommes obsedes par le sexe et tous les rapports en sont fausses. A 25 ans, elle est assez atypique dans le paysage feminine iranien car elle n`est pas encore mariee et ne souhaite se marier qu`avec un etranger qui lui permettrait de s`epanouir en tant que femme et surtout en tant qu`intellectuelle, a la soif d`apprendre et d`analyser toujours plus. Elle etudie le francais depuis quatre ans et connait tous les auteurs francais marquants depuis le moyen-age jusqu`a ceux contemporains. Parmi ces preferes, il y a Beaudelaire, Zola, Rousseau, Lamartine et Marivaux. "J`aime surtout les auteurs qui expriment leurs opinions et leurs pensees de maniere cachee." Car en Iran, nul n`a le droit d`exprimer sincerement ses pensees. Sa periode fetiche est la revolution francaise. Dans la sofrekhane ce jour-la, elle nous dira que les livres francais necessaires a ses reflexions en vue d`un commentaire de texte ne sont pas trouvables en Iran, qu`une commande de livres passee aupres de l`ambassade de France met six mois a etre honoree et que les livres de grammaire lui parviennent sans les cassettes normalement vendues avec. Son grand espoir est d`etre acceptee en master a la fac de Teheran car c`est le sesame pour obtenir des postes de traductrice ou d`enseignante interessants. Mais pour y parvenir, il faut reussir un concours d`entrée perdu d`avance pour qui ne vient pas deja de la fac de Teheran. C`est un systeme bien connu en France pour certaines grandes ecoles. Ce qu`elle aimerait par-dessus tout, c`est venir etudier en France. Mais la, c`est le probleme du visa, de l`argent et du travail sur place qui se pose… Car, meme si elle vient d`un milieu aise, il lui faut 50 000 euros sur son compte en banque (prix que des touristes francais disent avoir vu annoncer a l`ambassade de France) pour obtenir le droit d`immiger en France…
"Allo, salam... khubi ?" module la douce et melodieuse voix de Sakhar dont le visage s`eclaire d`un eblouissant sourire a l`entente de son interlocuteur. Nous sommes dans le Park e-Lale, dans le nord du centre de Teheran. Sakhar, belle iranienne de 25 ans, appelle un ami pour trouver une sofrekhane sympa dans le coin afin de pouvoir discuter tranquillement autour d`un the et d`un narghile, ou quelia en farsi. Sakhar parle francais avec une aisance troublante et seul son accent nous rappelle sa nationalite. Nous avons fait la connaissance de cette jeune fille la veille, grace a Nadim, un libanais rencontre a Tabriz et retrouve a Teheran. Hyper souriant,
rigolard, bon vivant et surtout aimant enormement etre entoure, il avait sympatise a Tabriz avec un fils de marchand de tapis, Hadi, qui a bien evidement des contacts un peu partout en Iran. Sakhar etait sur la liste des amies de Hadi et Nadim a donc appele et rencontre cette jeune fille dont le charme et la beaute lui ont quelque peu tourne la tete… La veille, nous nous etions promener tous les quatre dans le complexe de Sadr Abd, ancien domaine prive du Shah d`Iran. Inutile de vous dire que de la, perdus dans une abondante mais tres policee vegetation ponctuee d`anciens palais royaux tous plus luxueux les uns que les autres, et transformes depuis quelques annees en musees et restaurant, on avait du mal a imaginer le Shah au courant de la vie quotidienne des iraniens. Sakhar nous avait ensuite invite chez elle, dans le nord de Teheran, ou elle habite dans une belle maison moderne avec ses parents et sa jeune soeur. Sakhar vit donc dans cette zone tres privilegiee Teheran. Elle porte des foulards colores magnifiques (elle m`en a d`ailleurs donne un superbe qui change de mon noir !) qui ont l`habitude de glisser sur ses cheveux coupes courts et ses habits proviennent surtout de boutiques d`importations francaises ou europeennes. Elle se demarque en recherchant la rarete et la petite touche qui la sortira du moule de la mode iranienne. Cette distinction tres superficielle n`est que l`iceberg d`une personnalite qui est l`antithese de la superficialite. Sakhar s`est engage politiquement aux cotes de Khatami grace a qui les femmes ont eu le droit de vote entre autres et rejete les nombreux traits machistes de la societe iranienne… tout en sachant pertinement qu`actuellement aucun changement n`est imaginable. Cette magnifique jeune femme sait ce qu`elle veut et decrit tres precisement ce qu`elle ne veut pas ou plus, et entre autres, se marier avec un iranien. Tous ceux qu`elle a rencontre jusque-la n`etaient interesses que par la consommation d`un bien plus que precieux pour les iraniennes. La “limitation” (terme qui designe toutes les limitations de la liberte de la femme et du meme coup celle de la relation homme-femme en general) a rendu les hommes obsedes par le sexe et tous les rapports en sont fausses. A 25 ans, elle est assez atypique dans le paysage feminine iranien car elle n`est pas encore mariee et ne souhaite se marier qu`avec un etranger qui lui permettrait de s`epanouir en tant que femme et surtout en tant qu`intellectuelle, a la soif d`apprendre et d`analyser toujours plus. Elle etudie le francais depuis quatre ans et connait tous les auteurs francais marquants depuis le moyen-age jusqu`a ceux contemporains. Parmi ces preferes, il y a Beaudelaire, Zola, Rousseau, Lamartine et Marivaux. "J`aime surtout les auteurs qui expriment leurs opinions et leurs pensees de maniere cachee." Car en Iran, nul n`a le droit d`exprimer sincerement ses pensees. Sa periode fetiche est la revolution francaise. Dans la sofrekhane ce jour-la, elle nous dira que les livres francais necessaires a ses reflexions en vue d`un commentaire de texte ne sont pas trouvables en Iran, qu`une commande de livres passee aupres de l`ambassade de France met six mois a etre honoree et que les livres de grammaire lui parviennent sans les cassettes normalement vendues avec. Son grand espoir est d`etre acceptee en master a la fac de Teheran car c`est le sesame pour obtenir des postes de traductrice ou d`enseignante interessants. Mais pour y parvenir, il faut reussir un concours d`entrée perdu d`avance pour qui ne vient pas deja de la fac de Teheran. C`est un systeme bien connu en France pour certaines grandes ecoles. Ce qu`elle aimerait par-dessus tout, c`est venir etudier en France. Mais la, c`est le probleme du visa, de l`argent et du travail sur place qui se pose… Car, meme si elle vient d`un milieu aise, il lui faut 50 000 euros sur son compte en banque (prix que des touristes francais disent avoir vu annoncer a l`ambassade de France) pour obtenir le droit d`immiger en France…