dimanche 22 avril 2007

Un autre aspect de Teheran, une ville a plusieurs facettes

Dans les hauteurs de Teheran, la jeunesse doree, dont nombre sont les enfants des religieux au pouvoir, s`ebattent joyeusement dans un environnement sature de luxe et de superficialite.Vous etes en manque de pattes Barilla, de parfum ou de cigarettes francaises ? Un petit tour dans le supermarche du coin vous soulagera ! Que je suis vulgaire… un supermarche ? Disons plutot une galerie de luxe sur quatre etages, scintillante de lumiere et resonnante de musique a la mode ou les boutiques de vetements de marques europeennes de luxe comme (Gucci, Dior, Rolex…) ou iraniennes dernier cri cotoient des epiceries aux rayons charges de produits type Nutella ou Special K de Kellog`s (jamais vus auparavant). Meme si vous n`avez pas d`achats a faire, s`y promener ou s`y pavaner, selon son accoutrement, est de bon ton et permet de se tenir au courant de la derniere mode. Le quartier ou se trouve ce paradis pour fashion`s victims et gens riches est au nord de Teheran, et y penetrer après avoir vadrouiller en Iran nous a meduse et amuse. Ici, les femmes en voiture laissent glisser leur foulard sans trop se soucier des consequences, la mode des hauts talons sur jeans moulants fait rage et les manteaux courts et serres soulignent des lignes anorexiques ou, a l`inverse, tres genereuses. Il n`y a qu`un pas entre raffinement et vulgarite et les riches teheranaises le franchissent parfois avec un peu trop d`empressement. Des jeunes hommes sont a l`affut d`une belle a qui glisser discretement dans la main leur numero de telephone griffone sur un bout de papier. Des copines pouffent entre elles en observant les garcons. Une jeune femme au décolleté plongeant, au jean tres moulant et au maquillage outrancier est devisage avec mechancete par les familles. La richesse permet de repousser certains interdits et de profiter de biens et de comportements que la majorite des iraniens doit ignorer. Bien evidemment, il ne viendrait a personne ici de descendre faire un tour ou des courses dans le vieux et pauvre centre de Teheran, a une demi-heure d`embouteillage de la.

"Allo, salam... khubi ?" module la douce et melodieuse voix de Sakhar dont le visage s`eclaire d`un eblouissant sourire a l`entente de son interlocuteur. Nous sommes dans le Park e-Lale, dans le nord du centre de Teheran. Sakhar, belle iranienne de 25 ans, appelle un ami pour trouver une sofrekhane sympa dans le coin afin de pouvoir discuter tranquillement autour d`un the et d`un narghile, ou quelia en farsi. Sakhar parle francais avec une aisance troublante et seul son accent nous rappelle sa nationalite. Nous avons fait la connaissance de cette jeune fille la veille, grace a Nadim, un libanais rencontre a Tabriz et retrouve a Teheran. Hyper souriant,
rigolard, bon vivant et surtout aimant enormement etre entoure, il avait sympatise a Tabriz avec un fils de marchand de tapis, Hadi, qui a bien evidement des contacts un peu partout en Iran. Sakhar etait sur la liste des amies de Hadi et Nadim a donc appele et rencontre cette jeune fille dont le charme et la beaute lui ont quelque peu tourne la tete… La veille, nous nous etions promener tous les quatre dans le complexe de Sadr Abd, ancien domaine prive du Shah d`Iran. Inutile de vous dire que de la, perdus dans une abondante mais tres policee vegetation ponctuee d`anciens palais royaux tous plus luxueux les uns que les autres, et transformes depuis quelques annees en musees et restaurant, on avait du mal a imaginer le Shah au courant de la vie quotidienne des iraniens. Sakhar nous avait ensuite invite chez elle, dans le nord de Teheran, ou elle habite dans une belle maison moderne avec ses parents et sa jeune soeur. Sakhar vit donc dans cette zone tres privilegiee Teheran. Elle porte des foulards colores magnifiques (elle m`en a d`ailleurs donne un superbe qui change de mon noir !) qui ont l`habitude de glisser sur ses cheveux coupes courts et ses habits proviennent surtout de boutiques d`importations francaises ou europeennes. Elle se demarque en recherchant la rarete et la petite touche qui la sortira du moule de la mode iranienne. Cette distinction tres superficielle n`est que l`iceberg d`une personnalite qui est l`antithese de la superficialite. Sakhar s`est engage politiquement aux cotes de Khatami grace a qui les femmes ont eu le droit de vote entre autres et rejete les nombreux traits machistes de la societe iranienne… tout en sachant pertinement qu`actuellement aucun changement n`est imaginable. Cette magnifique jeune femme sait ce qu`elle veut et decrit tres precisement ce qu`elle ne veut pas ou plus, et entre autres, se marier avec un iranien. Tous ceux qu`elle a rencontre jusque-la n`etaient interesses que par la consommation d`un bien plus que precieux pour les iraniennes. La “limitation” (terme qui designe toutes les limitations de la liberte de la femme et du meme coup celle de la relation homme-femme en general) a rendu les hommes obsedes par le sexe et tous les rapports en sont fausses. A 25 ans, elle est assez atypique dans le paysage feminine iranien car elle n`est pas encore mariee et ne souhaite se marier qu`avec un etranger qui lui permettrait de s`epanouir en tant que femme et surtout en tant qu`intellectuelle, a la soif d`apprendre et d`analyser toujours plus. Elle etudie le francais depuis quatre ans et connait tous les auteurs francais marquants depuis le moyen-age jusqu`a ceux contemporains. Parmi ces preferes, il y a Beaudelaire, Zola, Rousseau, Lamartine et Marivaux. "J`aime surtout les auteurs qui expriment leurs opinions et leurs pensees de maniere cachee." Car en Iran, nul n`a le droit d`exprimer sincerement ses pensees. Sa periode fetiche est la revolution francaise. Dans la sofrekhane ce jour-la, elle nous dira que les livres francais necessaires a ses reflexions en vue d`un commentaire de texte ne sont pas trouvables en Iran, qu`une commande de livres passee aupres de l`ambassade de France met six mois a etre honoree et que les livres de grammaire lui parviennent sans les cassettes normalement vendues avec. Son grand espoir est d`etre acceptee en master a la fac de Teheran car c`est le sesame pour obtenir des postes de traductrice ou d`enseignante interessants. Mais pour y parvenir, il faut reussir un concours d`entrée perdu d`avance pour qui ne vient pas deja de la fac de Teheran. C`est un systeme bien connu en France pour certaines grandes ecoles. Ce qu`elle aimerait par-dessus tout, c`est venir etudier en France. Mais la, c`est le probleme du visa, de l`argent et du travail sur place qui se pose… Car, meme si elle vient d`un milieu aise, il lui faut 50 000 euros sur son compte en banque (prix que des touristes francais disent avoir vu annoncer a l`ambassade de France) pour obtenir le droit d`immiger en France…


lundi 16 avril 2007

L`Iran de l`Ouest, une claque pour nous, petits occidentaux

C`est depuis Shush, ville qui ne nous a procure que de lumineuses surprises, que nous avons penetre dans l`Iran occidental. Et c`est de la premiere ville traversee de cette region, Kermanshah, que nous nous sommes pris un electrochoc.

Kermanshah est tres proche de la frontiere avec l`Irak et a beaucoup souffert dans les annees 1980 de la guerre contre l`Iraq. Le bazar ainsi qu`une des mosquees proche de celui-ci ont ete serieusement touches et sont encore en travaux. On a surtout le sentiment que l`economie, pourtant probablement importante car c`est une des villes les plus
dynamiques de la region, a du mal a repartir. On est arrive a Kermanshah vers 19h, un vendredi soir, l`equivalent de notre dimanche. Le temps de s`installer a l`hotel et de ressortir pour manger, les rues etaient desertes. Pas un pieton, de rares voitures et peu d`illumination. Les villes que nous avions traversees jusque-la, peut-etre plus touristiques, etaient animees jusqu`assez tard dans la soiree et jamais on avait ressenti cette impression de ville-morte. Comme pour rajouter une couche a notre desarroi, l`homme de l`hotel nous conseille fortement de prendre un taxi pour parcourir les 1.5 km qui nous separent du resto. Serions-nous dans une ville coupe-gorge ? Le court trajet en taxi nous fait decouvrir une grande avenue vide de tout etre vivant et peu eclairee. On a quand meme eu confirmation d`une animation dans la ville car au-dessus du resto, un mariage se fetait sur le rythme de la techno orientale. Nous nous sommes rendus compte, le lendemain, qu`en penetrant dans Kermanchah, on avait pousse la porte d`une ville tres traditionnelle, du moins aux regles regissant la societe musulmane tres fortes. Kermanshah se trouve dans le Kurdistan, region a forte majorite kurde, peuple non opprime en Iran actuellement mais qui a toujours ete persecute. Leur identite est donc tres forte et c`est la seule minorite importante que l`on ait vu en Iran se caracteriser par sa tenue vestimentaire. Les hommes sont en pantalon bouffant, serre a la taille par une sorte de turban-ceinture dans laquelle ils glissent leur couteau. Leurs vestes sont taillees dans la meme toile que le pantalon et coupees avec style au-dessus de la taille ou ont des epaulettes qui pointent vers le haut. Les femmes sont en robes ou jupes relativement colorees et portent le foulard conventionnel de facon assez decontractee. On a pu observer Ces tenues surtout dans les villages aux alentours de Kermanshah. A kermanshah, on a surtout remarque quelques hommes en pantalon bouffant. Ce qui nous a surtout frappe dans cette region, ce sont la rudesse et probablement la plus grande pauvrete des gens qui nous entouraient. On ressentait depuis le debut du voyage en Iran la difficulte de la vie pour une grande majorite des iraniens. Mais les villes traversees etaient d`une part tres touristiques et d`autre part tres grandes et variees. Et il est probable que la multitude des monuments impressionnants de ces villes nous ait fait detourner le regard d`une realite quotidienne difficile. A Kermanshah et dans les villes qui ont suivi nous avons apprecie les monuments et les sites visites mais nous n`avons plus ressenti le "choc" artistique qu`Ispahan ou Yazd par exemple nous avaient procure. Par contre, le choc culturel a ete frontal et nous a laisse durant quelques jours sans voix. Kermansha a ete la premiere ville ou on a subi la separation entre les femmes et les hommes. Au cyber-cafe, on m`a fermement deplacee au fond de la vaste piece, derriere une vitre teintee ou six ou sept ordinateurs attendaient sagement ces demoiselles. Tant que j`etais a cote de Christophe, ca allait, mais comme je m`etais deplacee car l`ordi ne fonctionnnait pas bien, ca n`allait plus. Dans un restaurant, on s`est rendu compte qu`il y avait une piece pour les hommes seuls et une autre pour les familles et les couples. Ce ne fut pas une nouveaute pour moi que les hommes ne m`adressent pas la parole. Mais ce a quoi je n`etais pas habituee, c`est que meme les jeunes, de 18-25 ans, ne me parlent pas et ne me regardent pas. Chaque fois que des jeunes gars nous ont aborde, Christophe etait leur seul sujet d`interet, que ce soit pour les discussions ou pour les photos. Ils me poussaient sur le cote pour que seul Christophe apparaisse sur la photo avec eux. On a aussi ete interpelle par le regard triste, melancolique, voire absent de beaucoup de jeune gars qui ne doivent pas avoir 25 ans. On a pu tres peu parler avec les jeunes car on en a rencontre que tres peu pouvant parler anglais. Et nos quelques mots baragouines en farsi sont loin de permettre une conversation interessante. Du coup, on n`a pu qu`essayer d`interpreter, avec nos codes occidentaux, les reactions et les comportements quotidiens. Ce fut la ville ou on a le plus entendu des choses negatives sur l`Iran. Le chauffeur du taxi du premier soir n`a pas arrete de nous dire que l`Iran, depuis la revolution islamique, depuis que ces "arabes" (insulte supreme pour les perses) sont au pouvoir, n`est pas bien, que les rues sont vides et l`economie desastreuse. Les discours entendus jusque-la n`avaient jamais ete aussi incisifs et proclames avec autant de virulence. Un petit jeune rencontre le lendemain nous disait sa desillusion par rapport a son avenir. De boulot dans sa ville, il n`en aurait certainement pas un bon et il etait impossible, economiquement, d`imaginer qu`il aille a Teheran. Il savait que ce serait difficile et nous disait que son seul espoir c`etait d`aller aux Etats-Unis... Je crois qu`on n`avait pas encore ressenti la detresse des jeunes de facon aussi negative et presque sans espoir. Mais on ne comprenait pas pourquoi toute cette detresse n`etait jamais accompagne de revolte contre leur gouvernement ou meme de jalousie vis-a-vis de nous, qui devons represente une vie bien meilleure pour eux.
Il nous a fallu attendre Qazvin, dans le nord-ouest de l`Iran, quelques jours plus tard, pour avoir quelques reponses. Le premier soir de notre arrivee dans cette ville, alors a la recherche d`un resto, une jeune fille dans sa vieille Peugeot 204 s`arrete et nous propose de nous aider. Elle nous depose et comme elle voulait pratiquer son anglais et que le lendemain elle ne bossait pas, on s`est donne rendez-vous. Pendant trois jours, elle nous a promene partout en ville et aux alentours en repondant a nos questions de plus en plus decontractee avec simplicite et beaucoup de sagesse. Aucune opposition n`est possible en Iran car toute personne s`exprimant dans un journal contre le gouvernement est emprisonne. Bon, ce n`etait pas forcement une decouverte. Par contre, ce qui m`a permis de mieux comprendre la mentalite actuelle des iraniens c`est de savoir que les iraniens ont peur d`une nouvelle revolution. Que lors de la revolution islamique, que beaucoup d`iraniens voulaient car ils aiment l`islam, il y a eu des veritables bains de sang, meme parmi ceux
tres musulmans. Ils se sont rendus compte que ce qu`ils ont eu avec la revolution n`etait pas mieux qu`avant voire meme pire qu`avant (pas mal de personnes nous ont dit que le hijab -le voile- c`est nul) et ils n`ont surout pas envie de revivre cette experience sanglante. Ils ne se font aucune illusion sur leur gouvernement. Beaucoup nous ont dit que leur president est stupide. Quand on leur demande comment ils voient leur avenir, la reponse est "je ne sais pas" et je crois qu`ils evitent d`y penser en fait.
Prochain mail peut-etre en Ouzbekistan !

mercredi 4 avril 2007

Journal de bord qui a manque deborder

Le 28 mars,
Shiraz, 18h30.
Depuis deux heures, nous prennons des nouvelles de nos amis lointains, en profitons pour raconter un peu notre vie et nous informons des nouvelles du monde dans un cybercafe, devenu depuis trois jours notre QG. Le soir-meme, vers 20h, un bus doit nous emmener a Shush, en francais Suse, point de depart pour un petit periple dans l`ouest de l`Iran. Depuis la veille, nos plans ont ete en effet totallement chamboules : l`Iran ne se visitera pas en un mois mais en presque deux ! Et cela, grace a un sympathique membre de la police rattache au service des visas (faut quand meme pas croire qu'on fait de la pub pour la police et le gouvernement on parle d'un gars sympathique, ca me fait mal de le dire mais ce flic etait cool) qui aura rempli les formulaires, tamponne et signe, en vingt minutes montre en main, une demande de prorogation de visa. Sous nos yeux ebahis et incredules, nous nous sommes vu remettre notre passeport dont une nouvelle page nouvellement encree fremissait encore de plaisir. Bref, s`ouvrait donc a nous des nouvelles perspectives dont nous comptions bien profiter. Et donc, ce soir-la, nous profitions des derniers instants a Shiraz... dans un cybercafe. Vers 18h30, le billet du bus en main, je demande au vieux monsieur du cybercafe de me confirmer l`heure de depart de notre bus pour Shush. Nous sommes encore loin de maitriser le farsi ecrit et les differentes informations sur le billet nous laissaient quelques peu interrogatifs. La reponse de l`homme, navre, nous laisse sans voix : votre bus partait a 16h30... Pourtant, a la gare routiere la veille, on nous avait repete au moins trois fois l`heure en anglais : 20h30. Gros moment de solitude pour nous car bien evidemment, on avait quitte l`hotel quelques heures avant et vu l`heure, les hotels devaient etre complets ou presque. Et surtout, on ne voulait plus rester a Shiraz qui, a part Persepolis et Parsaguades sous la pluie, ne nous avait offert que peu de plaisirs. Bien enerves, on quitte le cybercafe pour se rendre en taxi a la gare routiere. Sous une pluie energique, on attend dix minute que quelqu`un veuille bien nous prendre. Et la, la cerise sur le gateau : le type qui nous embarque est un fou, gentil mais fou. Il rigole tout seul et crie plusieurs fois "bad, bad" en designant la ville et les gens autour de lui, (on avait trop envie de rigoler, autant les nerfs que le personnage, ce jour la on s'est dit dans quel pays de tare on est, cette ville, son temps, ces gens sont pas normaux). Et bien evidemment on tombe dans un embouteillage pour faire durer le plaisir de cette rencontre.
Shiraz,19h30
La voiture du fou se gare enfin devant la gare routiere et on s`en ejecte le plus rapidement possible. Arrives en trombe devant le guichet de notre compagnie de bus, on fait les touristes paumes et quelques peu mecontents (la composition ne fut pas trop difficile). Le branle-bas de combat parmi les hommes du guichet auquel on assista nous prouva une nouvelle fois que les iraniens sont tres prevenants et restent agreables en toute circonstance. Je pense qu`en France on aurait ete accueilli par des phrases fatalistes et pouvant se resumer par "demerdez-vous". La, un homme de la compagnie nous a indique un bus d`une autre compagnie qui partait vers 21h, pour une ville assez proche de Shush, et nous a paye a moitie du billet, mais je crois que si il avait compris le francais il ne nous aurait pas offert la moitie du ticket, parce que ce soir la on l'aurait bien traite de tous les noms de la terre. Bref, avec sandwichs et bouteilles d`eau, nous etions enfin prets pour une douce nuit bercee par le rond-rond du moteur.
Le 29 mars,
Ahvaz,7h00.
Reveil legerement courbature et sentant le "j`ai encore sommeil" dans une charmante ville petrolifere de l`Ouest de l`Iran. Apres un petit dej dans la gare routiere, on prend un minibus (style de gros van dans lequel peut s`assoir une petite vingtaine de personnes) pour atteindre Shush une heure et demi plus tard. Shush est une ville du Khuzestan, region qui a ete tres touchee durant la guerre Iran-Irak dans les annees 1980, mais qui est certainement une des plus riches d`Iran, avec la region de Tabriz, pour ces zones agricoles et ses ressources petroliferes. 
C`est une zone ou habitent beaucoup d'arabes, qui ne sont pas apprecies des perses (traiter quelqu'un d'arabe ici c'est pire qu'insulter sa mere). A Shiraz, tout le monde, meme le fou, nous avait dit de bien faire attention a nos sacs et de se mefier des gens a Shush. Tout ce que nous avons vu, ce sont des gens attentionnes et gentils avec nous (tu parles, ces pauvres gens se sont pris des bombes et des skuds de Saddam sur la tete et en plus les iraniens peuvent pas les supporter, on peut comprendre que ces gens auraient pu etre un peu rude, mais non ils sont bien tranquille). Dans le minibus, on a vu pour la premiere fois des hommes avec des sheish arabes enroules autour de la tete et des femmes avec le tchador arabe, tres serre autour de la tete.
Shush, 10h.
A Shush, notre seule deconvenue aura ete l`hotel, trois fois plus cher que ce qui etait indique dans le guide. Sinon, ce ne fut que du bonheur et des sourires ! Une fois acceptee l`entorse a notre budget, Shush n`ayant qu`un hotel, nous avons pu profiter de la douche, dans la chambre s`il vous plait, avant de croquer a pleines dents la ville et ses environs, sous un doux soleil de printemps.
Choqa Zanbil, midi.
A 45 km de Shush, il y a les vestiges de la fameuse ziggourat de Choqa Zanbil. Ca aurait ete dommage de rate ca, non ? C`est la mieux preservee et la plus grande de toutes les ziggourats de la region mesopotamienne, construite au 13e siecle avant notre ere. A l`epoque ou en Europe on s`essayait a tailler des outils, un roi d`Elam construisit ce temple de 60 metres et de cinq etages emboites les uns dans les autres. Il ne reste que trois etages actuellement mais la construction en impose. Sur tout un niveau de brique, on peut voir des inscriptions en cuneiformes, qui malheureusement ne ressortent pas en photo.
Shush, 15h.
Retour a Shush pour visiter d`autres vestiges, ceux de la ville achemenide de Suse. "Je suis ravie de vous rencontrer sur le site de Shush meme s`il n`y a plus rien a voir ici car tout est chez vous, au musee du Louvres. Je vous souhaite une bonne fin de voyage." Voila comment une jeune fille nous a salue sur le site. Effectivement, si vous voulez connaitre la Suse ancienne, voire la belle frise aux lions en faience, aller visiter le Louvres ! Les archeologues, tous francais, qui se sont relayes ont bien fait leur boulot. Ne restent sur le site que les ombres des murs de separation des diverses salles du palais, les ruines de fut de colonnes de la salle du trone du palais de Darius et quelques exemples de chapitaux en forme de taureau, tres proches de ceux vus a Persepolis. Vive l`esprit colonialistes des chercheurs a l`etranger ! Pourtant, on a eu droit a une visite hallucinante. Des que nous sommes arrives sur le site, un jeune guide, etudiant en archeologie passionne de la periode achemenide, a absolument voulu nous faire la visite. Quelqu`un a degote une touriste iranienne qui parlait anglais et nous voila partis pour deux ou trois heures de descriptions traduites par cette femme et ses deux fils, puis par un homme a la voix peu portante et enfin par une jeune gars qui parlait tres bien anglais et que manifestement, le jeune guide ne voulait plus laisser partir pour pouvoir continuer a communiquer avec nous. Bref, on a fini vers 20h, apres la visite, toujours accompagne du jeune guide, du musee - ou il reste d`ailleurs heureusement quelques belles pieces interessantes -.
Voila il faut aussi rajouter que c'est a partir d'ici qu'on a decouvert que les iraniens savaient faire des deserts, on a trouve tout un tas de gateau a la patte de datte (et les dattes iraniennes rien a voir avec les dattes du magrehb = 0 les dattes d'Afrique comparees a celles d'ici). C'est a partir de Shush qu'on a commence a rencontre d'autres personnes que des perses, on a rencontre des arabes, des Kurdes et bientot, car nous sommes aujourd'hui a Hamadan, nous allons monter dans le nord des Azerie. Et bien je vous dis que les gens les plus gentils, les plus doux et les plus touchants que j'ai rencontre en Iran ce sont les Kurdes.
On vous fera bientot un petit speech sur les gens qui peuplent l'Iran.
Bon c'est pas tout mais c'est l'heure de manger et ce soir on doit aller dans un resto fameux a Hamadan, parce que hier soir on est alle dans un resto d'hotel ou la bouffe devait etre soit disant terrible, et bien on s'en est vite remis.