Le 28 mars,
Shiraz, 18h30.
Depuis deux heures, nous prennons des nouvelles de nos amis lointains, en profitons pour raconter un peu notre vie et nous informons des nouvelles du monde dans un cybercafe, devenu depuis trois jours notre QG. Le soir-meme, vers 20h, un bus doit nous emmener a Shush, en francais Suse, point de depart pour un petit periple dans l`ouest de l`Iran. Depuis la veille, nos plans ont ete en effet totallement chamboules : l`Iran ne se visitera pas en un mois mais en presque deux ! Et cela, grace a un sympathique membre de la police rattache au service des visas (faut quand meme pas croire qu'on fait de la pub pour la police et le gouvernement on parle d'un gars sympathique, ca me fait mal de le dire mais ce flic etait cool) qui aura rempli les formulaires, tamponne et signe, en vingt minutes montre en main, une demande de prorogation de visa. Sous nos yeux ebahis et incredules, nous nous sommes vu remettre notre passeport dont une nouvelle page nouvellement encree fremissait encore de plaisir. Bref, s`ouvrait donc a nous des nouvelles perspectives dont nous comptions bien profiter. Et donc, ce soir-la, nous profitions des derniers instants a Shiraz... dans un cybercafe. Vers 18h30, le billet du bus en main, je demande au vieux monsieur du cybercafe de me confirmer l`heure de depart de notre bus pour Shush. Nous sommes encore loin de maitriser le farsi ecrit et les differentes informations sur le billet nous laissaient quelques peu interrogatifs. La reponse de l`homme, navre, nous laisse sans voix : votre bus partait a 16h30... Pourtant, a la gare routiere la veille, on nous avait repete au moins trois fois l`heure en anglais : 20h30. Gros moment de solitude pour nous car bien evidemment, on avait quitte l`hotel quelques heures avant et vu l`heure, les hotels devaient etre complets ou presque. Et surtout, on ne voulait plus rester a Shiraz qui, a part Persepolis et Parsaguades sous la pluie, ne nous avait offert que peu de plaisirs. Bien enerves, on quitte le cybercafe pour se rendre en taxi a la gare routiere. Sous une pluie energique, on attend dix minute que quelqu`un veuille bien nous prendre. Et la, la cerise sur le gateau : le type qui nous embarque est un fou, gentil mais fou. Il rigole tout seul et crie plusieurs fois "bad, bad" en designant la ville et les gens autour de lui, (on avait trop envie de rigoler, autant les nerfs que le personnage, ce jour la on s'est dit dans quel pays de tare on est, cette ville, son temps, ces gens sont pas normaux). Et bien evidemment on tombe dans un embouteillage pour faire durer le plaisir de cette rencontre.
Shiraz,19h30
La voiture du fou se gare enfin devant la gare routiere et on s`en ejecte le plus rapidement possible. Arrives en trombe devant le guichet de notre compagnie de bus, on fait les touristes paumes et quelques peu mecontents (la composition ne fut pas trop difficile). Le branle-bas de combat parmi les hommes du guichet auquel on assista nous prouva une nouvelle fois que les iraniens sont tres prevenants et restent agreables en toute circonstance. Je pense qu`en France on aurait ete accueilli par des phrases fatalistes et pouvant se resumer par "demerdez-vous". La, un homme de la compagnie nous a indique un bus d`une autre compagnie qui partait vers 21h, pour une ville assez proche de Shush, et nous a paye a moitie du billet, mais je crois que si il avait compris le francais il ne nous aurait pas offert la moitie du ticket, parce que ce soir la on l'aurait bien traite de tous les noms de la terre. Bref, avec sandwichs et bouteilles d`eau, nous etions enfin prets pour une douce nuit bercee par le rond-rond du moteur.
Le 29 mars,
Ahvaz,7h00.
Reveil legerement courbature et sentant le "j`ai encore sommeil" dans une charmante ville petrolifere de l`Ouest de l`Iran. Apres un petit dej dans la gare routiere, on prend un minibus (style de gros van dans lequel peut s`assoir une petite vingtaine de personnes) pour atteindre Shush une heure et demi plus tard. Shush est une ville du Khuzestan, region qui a ete tres touchee durant la guerre Iran-Irak dans les annees 1980, mais qui est certainement une des plus riches d`Iran, avec la region de Tabriz, pour ces zones agricoles et ses ressources petroliferes.
C`est une zone ou habitent beaucoup d'arabes, qui ne sont pas apprecies des perses (traiter quelqu'un d'arabe ici c'est pire qu'insulter sa mere). A Shiraz, tout le monde, meme le fou, nous avait dit de bien faire attention a nos sacs et de se mefier des gens a Shush. Tout ce que nous avons vu, ce sont des gens attentionnes et gentils avec nous (tu parles, ces pauvres gens se sont pris des bombes et des skuds de Saddam sur la tete et en plus les iraniens peuvent pas les supporter, on peut comprendre que ces gens auraient pu etre un peu rude, mais non ils sont bien tranquille). Dans le minibus, on a vu pour la premiere fois des hommes avec des sheish arabes enroules autour de la tete et des femmes avec le tchador arabe, tres serre autour de la tete.
Shush, 10h.
A Shush, notre seule deconvenue aura ete l`hotel, trois fois plus cher que ce qui etait indique dans le guide. Sinon, ce ne fut que du bonheur et des sourires ! Une fois acceptee l`entorse a notre budget, Shush n`ayant qu`un hotel, nous avons pu profiter de la douche, dans la chambre s`il vous plait, avant de croquer a pleines dents la ville et ses environs, sous un doux soleil de printemps.
Choqa Zanbil, midi.
A 45 km de Shush, il y a les vestiges de la fameuse ziggourat de Choqa Zanbil. Ca aurait ete dommage de rate ca, non ? C`est la mieux preservee et la plus grande de toutes les ziggourats de la region mesopotamienne, construite au 13e siecle avant notre ere. A l`epoque ou en Europe on s`essayait a tailler des outils, un roi d`Elam construisit ce temple de 60 metres et de cinq etages emboites les uns dans les autres. Il ne reste que trois etages actuellement mais la construction en impose. Sur tout un niveau de brique, on peut voir des inscriptions en cuneiformes, qui malheureusement ne ressortent pas en photo.
Shush, 15h.
Retour a Shush pour visiter d`autres vestiges, ceux de la ville achemenide de Suse. "Je suis ravie de vous rencontrer sur le site de Shush meme s`il n`y a plus rien a voir ici car tout est chez vous, au musee du Louvres. Je vous souhaite une bonne fin de voyage." Voila comment une jeune fille nous a salue sur le site. Effectivement, si vous voulez connaitre la Suse ancienne, voire la belle frise aux lions en faience, aller visiter le Louvres ! Les archeologues, tous francais, qui se sont relayes ont bien fait leur boulot. Ne restent sur le site que les ombres des murs de separation des diverses salles du palais, les ruines de fut de colonnes de la salle du trone du palais de Darius et quelques exemples de chapitaux en forme de taureau, tres proches de ceux vus a Persepolis. Vive l`esprit colonialistes des chercheurs a l`etranger ! Pourtant, on a eu droit a une visite hallucinante. Des que nous sommes arrives sur le site, un jeune guide, etudiant en archeologie passionne de la periode achemenide, a absolument voulu nous faire la visite. Quelqu`un a degote une touriste iranienne qui parlait anglais et nous voila partis pour deux ou trois heures de descriptions traduites par cette femme et ses deux fils, puis par un homme a la voix peu portante et enfin par une jeune gars qui parlait tres bien anglais et que manifestement, le jeune guide ne voulait plus laisser partir pour pouvoir continuer a communiquer avec nous. Bref, on a fini vers 20h, apres la visite, toujours accompagne du jeune guide, du musee - ou il reste d`ailleurs heureusement quelques belles pieces interessantes -.
Voila il faut aussi rajouter que c'est a partir d'ici qu'on a decouvert que les iraniens savaient faire des deserts, on a trouve tout un tas de gateau a la patte de datte (et les dattes iraniennes rien a voir avec les dattes du magrehb = 0 les dattes d'Afrique comparees a celles d'ici). C'est a partir de Shush qu'on a commence a rencontre d'autres personnes que des perses, on a rencontre des arabes, des Kurdes et bientot, car nous sommes aujourd'hui a Hamadan, nous allons monter dans le nord des Azerie. Et bien je vous dis que les gens les plus gentils, les plus doux et les plus touchants que j'ai rencontre en Iran ce sont les Kurdes.
On vous fera bientot un petit speech sur les gens qui peuplent l'Iran.
Bon c'est pas tout mais c'est l'heure de manger et ce soir on doit aller dans un resto fameux a Hamadan, parce que hier soir on est alle dans un resto d'hotel ou la bouffe devait etre soit disant terrible, et bien on s'en est vite remis.
Shiraz, 18h30.
Depuis deux heures, nous prennons des nouvelles de nos amis lointains, en profitons pour raconter un peu notre vie et nous informons des nouvelles du monde dans un cybercafe, devenu depuis trois jours notre QG. Le soir-meme, vers 20h, un bus doit nous emmener a Shush, en francais Suse, point de depart pour un petit periple dans l`ouest de l`Iran. Depuis la veille, nos plans ont ete en effet totallement chamboules : l`Iran ne se visitera pas en un mois mais en presque deux ! Et cela, grace a un sympathique membre de la police rattache au service des visas (faut quand meme pas croire qu'on fait de la pub pour la police et le gouvernement on parle d'un gars sympathique, ca me fait mal de le dire mais ce flic etait cool) qui aura rempli les formulaires, tamponne et signe, en vingt minutes montre en main, une demande de prorogation de visa. Sous nos yeux ebahis et incredules, nous nous sommes vu remettre notre passeport dont une nouvelle page nouvellement encree fremissait encore de plaisir. Bref, s`ouvrait donc a nous des nouvelles perspectives dont nous comptions bien profiter. Et donc, ce soir-la, nous profitions des derniers instants a Shiraz... dans un cybercafe. Vers 18h30, le billet du bus en main, je demande au vieux monsieur du cybercafe de me confirmer l`heure de depart de notre bus pour Shush. Nous sommes encore loin de maitriser le farsi ecrit et les differentes informations sur le billet nous laissaient quelques peu interrogatifs. La reponse de l`homme, navre, nous laisse sans voix : votre bus partait a 16h30... Pourtant, a la gare routiere la veille, on nous avait repete au moins trois fois l`heure en anglais : 20h30. Gros moment de solitude pour nous car bien evidemment, on avait quitte l`hotel quelques heures avant et vu l`heure, les hotels devaient etre complets ou presque. Et surtout, on ne voulait plus rester a Shiraz qui, a part Persepolis et Parsaguades sous la pluie, ne nous avait offert que peu de plaisirs. Bien enerves, on quitte le cybercafe pour se rendre en taxi a la gare routiere. Sous une pluie energique, on attend dix minute que quelqu`un veuille bien nous prendre. Et la, la cerise sur le gateau : le type qui nous embarque est un fou, gentil mais fou. Il rigole tout seul et crie plusieurs fois "bad, bad" en designant la ville et les gens autour de lui, (on avait trop envie de rigoler, autant les nerfs que le personnage, ce jour la on s'est dit dans quel pays de tare on est, cette ville, son temps, ces gens sont pas normaux). Et bien evidemment on tombe dans un embouteillage pour faire durer le plaisir de cette rencontre.
Shiraz,19h30
La voiture du fou se gare enfin devant la gare routiere et on s`en ejecte le plus rapidement possible. Arrives en trombe devant le guichet de notre compagnie de bus, on fait les touristes paumes et quelques peu mecontents (la composition ne fut pas trop difficile). Le branle-bas de combat parmi les hommes du guichet auquel on assista nous prouva une nouvelle fois que les iraniens sont tres prevenants et restent agreables en toute circonstance. Je pense qu`en France on aurait ete accueilli par des phrases fatalistes et pouvant se resumer par "demerdez-vous". La, un homme de la compagnie nous a indique un bus d`une autre compagnie qui partait vers 21h, pour une ville assez proche de Shush, et nous a paye a moitie du billet, mais je crois que si il avait compris le francais il ne nous aurait pas offert la moitie du ticket, parce que ce soir la on l'aurait bien traite de tous les noms de la terre. Bref, avec sandwichs et bouteilles d`eau, nous etions enfin prets pour une douce nuit bercee par le rond-rond du moteur.
Le 29 mars,
Ahvaz,7h00.
Reveil legerement courbature et sentant le "j`ai encore sommeil" dans une charmante ville petrolifere de l`Ouest de l`Iran. Apres un petit dej dans la gare routiere, on prend un minibus (style de gros van dans lequel peut s`assoir une petite vingtaine de personnes) pour atteindre Shush une heure et demi plus tard. Shush est une ville du Khuzestan, region qui a ete tres touchee durant la guerre Iran-Irak dans les annees 1980, mais qui est certainement une des plus riches d`Iran, avec la region de Tabriz, pour ces zones agricoles et ses ressources petroliferes.
C`est une zone ou habitent beaucoup d'arabes, qui ne sont pas apprecies des perses (traiter quelqu'un d'arabe ici c'est pire qu'insulter sa mere). A Shiraz, tout le monde, meme le fou, nous avait dit de bien faire attention a nos sacs et de se mefier des gens a Shush. Tout ce que nous avons vu, ce sont des gens attentionnes et gentils avec nous (tu parles, ces pauvres gens se sont pris des bombes et des skuds de Saddam sur la tete et en plus les iraniens peuvent pas les supporter, on peut comprendre que ces gens auraient pu etre un peu rude, mais non ils sont bien tranquille). Dans le minibus, on a vu pour la premiere fois des hommes avec des sheish arabes enroules autour de la tete et des femmes avec le tchador arabe, tres serre autour de la tete.
Shush, 10h.
A Shush, notre seule deconvenue aura ete l`hotel, trois fois plus cher que ce qui etait indique dans le guide. Sinon, ce ne fut que du bonheur et des sourires ! Une fois acceptee l`entorse a notre budget, Shush n`ayant qu`un hotel, nous avons pu profiter de la douche, dans la chambre s`il vous plait, avant de croquer a pleines dents la ville et ses environs, sous un doux soleil de printemps.
Choqa Zanbil, midi.
A 45 km de Shush, il y a les vestiges de la fameuse ziggourat de Choqa Zanbil. Ca aurait ete dommage de rate ca, non ? C`est la mieux preservee et la plus grande de toutes les ziggourats de la region mesopotamienne, construite au 13e siecle avant notre ere. A l`epoque ou en Europe on s`essayait a tailler des outils, un roi d`Elam construisit ce temple de 60 metres et de cinq etages emboites les uns dans les autres. Il ne reste que trois etages actuellement mais la construction en impose. Sur tout un niveau de brique, on peut voir des inscriptions en cuneiformes, qui malheureusement ne ressortent pas en photo.
Shush, 15h.
Retour a Shush pour visiter d`autres vestiges, ceux de la ville achemenide de Suse. "Je suis ravie de vous rencontrer sur le site de Shush meme s`il n`y a plus rien a voir ici car tout est chez vous, au musee du Louvres. Je vous souhaite une bonne fin de voyage." Voila comment une jeune fille nous a salue sur le site. Effectivement, si vous voulez connaitre la Suse ancienne, voire la belle frise aux lions en faience, aller visiter le Louvres ! Les archeologues, tous francais, qui se sont relayes ont bien fait leur boulot. Ne restent sur le site que les ombres des murs de separation des diverses salles du palais, les ruines de fut de colonnes de la salle du trone du palais de Darius et quelques exemples de chapitaux en forme de taureau, tres proches de ceux vus a Persepolis. Vive l`esprit colonialistes des chercheurs a l`etranger ! Pourtant, on a eu droit a une visite hallucinante. Des que nous sommes arrives sur le site, un jeune guide, etudiant en archeologie passionne de la periode achemenide, a absolument voulu nous faire la visite. Quelqu`un a degote une touriste iranienne qui parlait anglais et nous voila partis pour deux ou trois heures de descriptions traduites par cette femme et ses deux fils, puis par un homme a la voix peu portante et enfin par une jeune gars qui parlait tres bien anglais et que manifestement, le jeune guide ne voulait plus laisser partir pour pouvoir continuer a communiquer avec nous. Bref, on a fini vers 20h, apres la visite, toujours accompagne du jeune guide, du musee - ou il reste d`ailleurs heureusement quelques belles pieces interessantes -.
Voila il faut aussi rajouter que c'est a partir d'ici qu'on a decouvert que les iraniens savaient faire des deserts, on a trouve tout un tas de gateau a la patte de datte (et les dattes iraniennes rien a voir avec les dattes du magrehb = 0 les dattes d'Afrique comparees a celles d'ici). C'est a partir de Shush qu'on a commence a rencontre d'autres personnes que des perses, on a rencontre des arabes, des Kurdes et bientot, car nous sommes aujourd'hui a Hamadan, nous allons monter dans le nord des Azerie. Et bien je vous dis que les gens les plus gentils, les plus doux et les plus touchants que j'ai rencontre en Iran ce sont les Kurdes.
On vous fera bientot un petit speech sur les gens qui peuplent l'Iran.
Bon c'est pas tout mais c'est l'heure de manger et ce soir on doit aller dans un resto fameux a Hamadan, parce que hier soir on est alle dans un resto d'hotel ou la bouffe devait etre soit disant terrible, et bien on s'en est vite remis.
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